La transparence

La situation géographique de la Chine en fait depuis longtemps un pays de transit pour les trafiquants de stupéfiants illégaux, et sa grande population en a fait un énorme marché de consommation potentiel. Ces dernières années, cependant, la Chine est devenue de plus en plus un pays producteur de nouvelles substances synthétiques, notamment des stimulants de type amphétamine (ATS), ainsi qu'un marché de consommation finale.
Un raid de la police sur le village de Boshe dans la ville de Lufeng, dans la province du Guangdong fin décembre 2013 fait allusion à l'augmentation de la production d'ATS en Chine. Boshe est considéré comme le village n ° 1 de la drogue du Guangdong », et peut-être même le non. 1 village de la drogue dans toute la Chine. Le 29 décembre, plus de 3000 policiers armés du Département de la sécurité publique provinciale du Guangdong, utilisant des hélicoptères, des bateaux à moteur et des chiens policiers, ont fait sauter les réseaux de drogue du village: 18 grands gangs de drogue exploitant 77 sites de production de drogue. La police a saisi 2925 kg de méthamphétamine (méthamphétamine), 260 kg de kétamine (Special K) et plus de 23 tonnes de drogue brute. Selon les statistiques officielles, au cours des trois dernières années, la part de Lufeng dans la méthamphétamine en cristaux produite au pays est passée de 14% (2010) à 33,4% (2013). 1 Les provinces du Guangdong, du Fujian et du Sichuan, en particulier, fabriquent davantage d'ATS dans leurs propres laboratoires / usines souterraines ces dernières années.
En outre, l'abus croissant de méthamphétamines ne se limite pas à la Chine, mais augmente également dans d'autres pays d'Asie de l'Est et du Sud-Est. La tendance générale dans cette région est le passage des drogues traditionnelles (par exemple l'opium ou l'héroïne) aux ATS comme drogue principale sur le marché. L'épidémie d'ATS devient un défi sérieux pour la Chine et l'Asie de l'Est et du Sud-Est.
ATS en Asie de l'Est et du Sud-Est
Les ATS - un groupe de substances comprenant des stimulants synthétiques, dont l'amphétamine, la méthamphétamine, la méthcathinone et les substances du groupe de l'ecstasy - ne sont pas de nouveaux médicaments en Asie de l'Est et du Sud-Est. En 1893 au Japon, la méthamphétamine, une variante de l'amphétamine, a été synthétisée pour la première fois par Nagayoshi Nagai à partir de l'éphédrine chimique précurseur. En 1919, un autre chimiste japonais, Akira Ogata, a fabriqué de la méthamphétamine cristallisée. Après la Seconde Guerre mondiale, le Japon a été le premier pays au monde à connaître une grave épidémie de méthamphétamine », et il a toujours un grave problème d'abus. 2 Il a ensuite explosé à Taïwan, dans les années 1970, et en Thaïlande au début des années 1990.
L'Asie du Sud-Est a connu un boom de la production et de la consommation d'ATS, en particulier de méthamphétamine, dans les années 90, accompagnant l'industrialisation, la mondialisation et une transformation des valeurs culturelles dominantes. Bien que ce problème soit reconnu par les autorités gouvernementales, les stratégies de lutte contre la drogue de la région, qui se concentrent depuis longtemps sur les drogues dites dures », l'opium en particulier, incitent également indirectement les fabricants et les trafiquants à développer leurs activités illicites. 3
Les ATS posent de toute évidence de graves menaces pour la sécurité humaine et la santé publique, et l'Asie de l'Est et du Sud-Est, qui abrite environ un tiers de la population mondiale, possède certains des marchés ATS les plus importants et les plus établis au monde, en particulier le Myanmar pour les comprimés de méthamphétamine. et la Chine pour le crystal meth (glace). Selon les données de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), en 2012, 227 millions de comprimés de méthamphétamine ont été saisis, soit une augmentation de 59% par rapport à l'année précédente et une multiplication par sept par rapport à 2008. La tendance s'est poursuivie en 2008. 2013, et certaines des plus importantes saisies d'ATS au monde se produisent en Asie de l'Est et du Sud-Est. 4 En outre, la fabrication illicite de STA se poursuit à des niveaux élevés: quelque 385 installations de fabrication de drogues synthétiques, dont la plupart fabriquaient de la méthamphétamine, ont été démantelées en 2012 en Asie de l'Est et du Sud-Est. 5
Près des deux tiers des utilisateurs mondiaux d'amphétamines et de méthamphétamines vivent en Asie, la plupart en Asie de l'Est et du Sud-Est. 6 La méthamphétamine sous forme de comprimés, de poudre et de cristaux est la forme d'ATS la plus utilisée dans la région. 7
ATS Boom en Chine
Alors que l'héroïne est toujours la drogue de choix parmi les consommateurs de drogues enregistrés en Chine, la part des utilisateurs d'héroïne parmi tous les utilisateurs diminue régulièrement, tandis que l'utilisation de soi-disant nouvelles drogues »(méthamphétamine, ecstasy et kétamine) est devenue une sorte de la mode chez les jeunes urbains chinois. Ces dernières années, la méthamphétamine (à la fois sous forme de comprimés et sous forme cristalline) est devenue la deuxième drogue illicite la plus utilisée en Chine.
Au cours des deux dernières décennies ou plus, le nombre de toxicomanes enregistrés en Chine a été multiplié par 30, passant de 70 000 en 1989 à plus de 2 098 000 à la fin de 2012. 38% des utilisateurs de drogues enregistrés, soit près de 800 000 personnes, ont été identifiés. en tant qu'utilisateurs d'ATS. Ce pourcentage n'a cessé d'augmenter, passant d'environ 6,7% en 2005 à 16,1% en 2007, à 27% en 2009 et à 32,7% en 2011. Fin mars 2013, il était d'environ 40%. 8
Peut-être plus inquiétant encore, l'utilisation des ATS est considérée comme un moyen normal de loisirs et de communication parmi de plus en plus de jeunes urbains et certains groupes professionnels. Les utilisateurs d'ATS constituent une forte majorité des nouveaux utilisateurs de drogues enregistrés. En 2012, 210 000 des 305 000 nouveaux utilisateurs de drogues enregistrés en Chine (68,8%) ont été identifiés comme étant des drogues de synthèse. Les trois quarts des consommateurs de drogues synthétiques étaient âgés de moins de 35 ans 9, ce qui indique que le STA sera le premier choix de drogue à l'avenir.
Outre la consommation et les abus, ces dernières années, la fabrication illicite d'ATS a considérablement augmenté en Chine. Les laboratoires des provinces du Guangdong et du Sichuan sont considérés comme les principales sources de la méthamphétamine en cristal qui est trafiquée dans d'autres pays asiatiques. En outre, la Chine relie l'Asie de l'Est et la sous-région du Grand Mékong et, avec l'Inde, est considérée comme l'une des principales sources de précurseurs chimiques nécessaires à la production de méthamphétamine dans le monde. dix
De nombreuses installations clandestines de fabrication de drogues synthétiques, dont la plupart fabriquent de la méthamphétamine cristalline ou de la kétamine, sont démantelées chaque année en Chine. 11 Selon des rapports de la Commission nationale de contrôle des stupéfiants de Chine, 34 installations clandestines de fabrication de drogues synthétiques ont fait l'objet d'une descente en 2005. 357 de ces installations ont été pillées en 2011 et 326 installations ont été pillées en 2012 (une baisse de 9%). Sur les 326 laboratoires clandestins démantelés, 228 (70 pour cent) fabriquaient de la méthamphétamine cristalline et plus de la moitié dans la province du Guangdong. Un grand nombre de laboratoires clandestins ont également été saisis dans la région de Chengdu, dans la province du Sichuan. 12
De toute évidence, le marché chinois des médicaments est en train de subir et continuera de subir une transformation importante, compte tenu de l'augmentation continue du nombre d'utilisateurs de STA, des caractéristiques démographiques plus jeunes de ces utilisateurs et de la production à grande échelle. En bref, la Chine entre dans l'ère des ATS. »
Concevoir des politiques efficaces de lutte contre la drogue
Pour faire face aux défis du boom ATS, le gouvernement chinois a lancé en 2005 une guerre populaire contre les drogues »visant à la fois l'offre et la demande de stupéfiants illégaux. Bien que les autorités chinoises aient commencé à faire face au problème, ses mesures n'ont pas pu arrêter ou interdire de manière significative la propagation des STA à travers le pays. Quelles nouvelles mesures devraient être prises pour faire face à ce problème, ou du moins pour éviter qu'il ne s'aggrave en Chine?
Premièrement, le gouvernement chinois devrait participer activement à la mise en place d'un système mondial d'alerte rapide pour les nouvelles substances psychoactives (NPS) en réponse à ce phénomène complexe et changeant, tel que celui proposé par la Commission des stupéfiants des Nations Unies et l'UNODC . 13 Alors que les conventions internationales sur le contrôle des drogues offrent la possibilité de programmer de nouvelles substances, la rapidité de l'émergence de NPS de divers types et noms rend cette entreprise très difficile. 14 Le gouvernement chinois devrait coopérer avec la communauté internationale pour surveiller et empêcher la propagation du NPS.
Deuxièmement, le gouvernement chinois devrait renforcer les réponses multilatérales régionales asiatiques au défi ATS, notamment par le biais de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) et de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). En particulier, la Chine pourrait utiliser les efforts conjoints d'application de la loi récemment établis le long du Mékong pour lutter contre la fabrication et le trafic de STA. Ce serait bon pour la région et pour la Chine: la plupart des méthamphétamines acheminées vers la Chine sont introduites en contrebande depuis le Myanmar et la RDP lao vers les provinces du Yunnan, du Guangdong et du Guangxi pour être acheminées vers des régions plus à l'intérieur des terres. En 2012, près de 9 tonnes de comprimés de méthamphétamine en provenance du Myanmar ont été saisies dans le Yunnan, soit une augmentation de 26% par rapport à l'année précédente. 15 À l'inverse, la communauté internationale devrait aider et exhorter ces pays à participer activement à la coopération multilatérale régionale et les encourager à prendre ensemble des mesures concrètes cohérentes en matière de contrôle des STA.
Troisièmement, la Chine devrait aider à établir une base de données internationale sur les signatures ATS et à introduire un système mondial de traçabilité pour les précurseurs chimiques de divers types d'ATS. Cela aiderait à contrôler la fabrication, le commerce / le trafic et la consommation d'ATS. Depuis 2005, les autorités chinoises aux niveaux national, provincial et local sont tenues d'enregistrer et de réglementer les précurseurs chimiques pour contrôler la production, la gestion, l'achat, le transport et l'importation et l'exportation. Mais ces mesures sont jusqu'à présent insuffisantes pour empêcher le détournement vers le marché illicite, car certains précurseurs chimiques peuvent circuler librement à travers le monde en tant que matières premières légales. Mais un système mondial serait très utile pour retracer le mouvement des précurseurs chimiques et divers ATS.
Quatrièmement, des programmes de développement économique alternatifs durables et complets sont essentiels au succès à long terme de la guerre contre la fabrication, le trafic et les abus de STA en Chine. L'économie illégale des STA se caractérise par un faible coût et des bénéfices élevés, et en conséquence, les activités économiques traditionnelles déclinent ou disparaissent progressivement dans les zones de fabrication des STA. Pour perturber la dynamique de la sombre modernisation en cours dans ces villages et villes de drogue, le gouvernement chinois devrait, comme l'a suggéré l'expert Brookings Vanda Felbab-Brown, entreprendre un effort de construction à multiples facettes qui vise à renforcer les liens entre l'État et les communautés marginalisées. dépendant ou vulnérable à la participation à des économies illicites »en créant un environnement social, économique et politique conforme aux besoins de la population. 16